Mémoires de Marie Watson, Jean Dutourd, extrait
"J'ajoute que le peintre, toujours, sans exception, dans tous les cas, est incommensurablement plus intéressant que la nature morte. La nature morte pose. Le peintre travaille. Prenez Chardin. Avec une pipe en terre, un broc, une serviette, il peint tout le XVIII e siècle, toute la France à la fois sérieuse et jolie du temps de Louis XV, tout un monde, toute une civilisation. Et comment ? En posant une touche, une ombre. Le XVIIIe siècle ressemble aux natures mortes de Chardin. Il l'a modelé, tout seul dans son coin, dans son petit atelier bourgeois, à côté de sa bourgeoise à grosses joues et lunettes. Il a été plus fort que la Grande Catherine, plus fort que le Grand Frédéric, plus fort que l'impératrice Marie-Thérèse réunis."
Jean Dutourd, de l'Académie française, Mémoires de Mary Watson, Flammarion
Jean Dutourd, de l'Académie française, Mémoires de Mary Watson, Flammarion
(3) L'étoil's de Nicole - Accueil |
Nicole Elbert aussi, en quelques coups de pinceaux, repris, retravaillés, laissant un peu de temps au temps aussi, dans cette douceur et lenteur que nous renvoient ces toiles... elle nous modèle, à sa manière, le monde qui nous entoure dans ce qui, le plus souvent, n'éveille en rien notre regard, et pourtant... il y a là, dans cette toile choisie, toute la saveur de l'été, le temps, peut-être de l'enfance, de l'insouciance, à la campagne, chez des grands-parents, dans un monde quelque peu disparu... chacun peut y retrouver un bout de son histoire, une émotion, une sensation de bien-être et une douceur de vivre enfouie à jamais au fond de nous. Il me tenait à coeur de la mettre à l'honneur ici en lisant ces extraits du livre de Jean Dutourd. Il est des artistes moins connus dont le talent et le goût de peindre ravissent notre regard. Je pourrais lui attribuer ce qui suit de Jean Dutourd...
Fran Nuda
Fran Nuda
" Vous êtes un artiste. Vous avez de la chance [...] Vous êtes dans la situation idéale du peintre devant une nature morte. M. Whistler, dont vous avez sûrement vu les petits barbouillages aux expositions de la Société Royale, vous dira lui-même que, lorsqu'il reproduit une cafetière, il ne montre pas sa toile à la cafetière pour savoir si elle est ressemblante. Du reste elle n'est pas ressemblante. La vraie cafetière n'est pas sur la table, sur un torchon froissé, à côté d'un bol et d'un couteau. Elle est sur la toile de M. Whistler, quand il a du génie, ce qui ne lui arrive pas tous les jours. Alors écoutez-moi, cher docteur : il se produit un phénomène très captivant, peu observé jusqu'à nos jours : la cafetière sur la table se met mystérieusement à ressembler à la cafetière sur la toile. Et toutes les cafetières font de même. Avant M. Whistler, la cafetière ne savait pas qui elle était, mais M.Whistler survient et il révèle la cafetière à elle-même. [...] Miss Morstant ici présente s'est mise à ressembler à un dessin que M. Whistler a fait d'elle, près de cette fenêtre, justement. Cela a pris à peine quelques mois. Il y avait dans le croquis de M. Whistler un sérieux, une tendresse qui n'étaient ni dans le visage du modèle ni dans son âme, à ce moment-là, et qui y sont entrés peu à peu, par la vertu du croquis, évidemment. J'ai toujours pensé qu'il vaudrait mieux donner la Victoria Cross aux soldats avant la bataille qu'après. Surtout aux lâches. Cela en ferait des braves. Ils auraient à coeur de mériter leur décoration. L'artiste est le contraire d'un général : il donne la croix avant. Moyennant quoi, il gagne toutes les batailles. la nature est flattée de sa confiance. Elle le récompense en se métamorphosant suivant ses désirs, ou sa philosophie, ou son regard. Les saints travaillent de la même façon. Ils commencent par pardonner tout, au premier coup d'oeil, sans hésitation, sans arrière-pensée, sans chercher à comprendre, sans demander de repentir. C'est la seule manière de faire des bons avec des méchant. La bonté effrayante des saints crée le monde à son image, comme la bonté effrayante de l'artiste. Me suivez-vous, monsieur Watson ? "
Jean Dutourd, Mémoires de Mary Watson, édition Flammarion, extrait
Jean Dutourd, Mémoires de Mary Watson, édition Flammarion, extrait
Que dire Fran à part mille fois merci . Tu m'offres un cadeau inestimable avec ces mémoires et tes mots, un élan vers les pinceaux quand parfois on peut se décourager .
RépondreSupprimerTu as tout dit sur cette toile, en remontant le temps, moi qui ai l'amour des vieilles pierres ,des meubles anciens qui ont traverse des générations. Ils ont une âme pour qui sait les écouter.
Tu pourras te vanter de m'avoir soutiré une larme !. Encore merci, heureuse de t'avoir comme amie
Alors Fràn on fait pleurer ma sister 🤔. Tu as de la chance de trouver toujours de bons textes et de savoir toi aussi écrire , et d’avoir choisi une toile qui transpire de vie, d’émotions, de douceur. Alors tu es pardonnée , je dirais même plus , je te félicite , tu peux donc aller danser tête haute 😘
RépondreSupprimer👍😘🌷🌷🌷
SupprimerTout est dit.Tout à fait d'accord avec Sylvie et Patricia.Encore Bravo Fran et Sylvie.
RépondreSupprimerde la part de Lyly
RépondreSupprimerje suis toujours émerveillée par les toiles de Nicole et de l artiste qu 'elle est pour lui dire je me suis permise de lui écrire ceci …
" Revêtue de ta blousse blanche aux traces de multiples couleurs , vestiges d une toile précédente , les pinceaux qui plongent dans un pot de térébentine ,la palette de couleurs échevétrées ,devant ton chevalet la toile nue posée se pare doucement aux grés de tes idées ,d un trait tu commences ! tu oublies le temps qui passe ,tu quittes pour un moment le monde d'en bas pour t''envoler vers les étoiles ,ta passion est sans égale ,ta joie visible, ta peinture glisse ,exhalte où les vagues moutonneuses sont en harmonie avec le ciel gris marine dans cet univers composé en symphonie où quelques rochers jaunis par le sable sont recouvert inlassablement par la mer , au loin se dessine l horizon d'une étrange beauté dont les rais du soleil caressent avec douceur l'aurore qui s'endort où les vagues se déchainent par amour ... Un vrai délice quand tes pinceaux se mettent à faire la farandole sur ce paysage aux teintes pures ,niché dans le pli des collines enveloppé de grés rose de la montagne ,dont les maisons aux façades blanches habillées de leurs boiseries ,les volets rouges enguirlandés par les grappes de piments qui décorent gaiement de rouges mouchetures où les rayons du soleil viennent les taquiner ...Tu t apaises ta toile achevée ,comptemples ,examines ,ton visage aux tons dorés 'illumine ton regard de mille petites étoiles de voir naître aux bouts de tes doigts ses œuvres sublimes …"
merci a Fran de son texte toujours si bien exprimé
lyly
Vraiment nulle en informatique je n'arrive pas à répondre à vos messages. Pourtant je l'ai déjà fait et ça fonctionnait
RépondreSupprimerDonc remerciement global !
Un pour les jolis mots de ma sœurette et pour avoir pris ma défense !
Un pour Patsy et ses toujours gentils.
messages.
Et pour toi ma Lyly et ce si beau texte qui me touche profondément