Lidia, forever, para siempre

C'est une bien triste nouvelle qui me ramène sur ce blog mais comment ne pas honorer la mémoire de mon amie Lidia ? J'ai appris hier, très tard, son décès brutal dont on ignore la cause ; malaise ? Chute ? Le seul mot obtenu de l'hôpital fut celui-ci : " elle est à la morgue ". Elle devait venir en août chez moi, avait pris ses billets de train et se réjouissait déjà de découvrir Nantes. D'origine argentine, elle parlait parfaitement notre langue, ayant vécu finalement plus en Suisse et en France, à Montpellier. Je l'ai connue par l'intermédiaire de Maya, elle-même décédée brutalement au mois de décembre 2015.  Et moi je reste là face à ce vide qu'est la mort, que nous connaissons tous un jour naturellement, en attendant qu'elle vienne nous faucher à notre tour, car celle-là porte bien son nom, la faucheuse. Voilà, et de deux, fauchées, d'un coup, au mois de juillet, Simone d'abord et puis, Lidia, là. Alors de nouveau, donner à lire les haïkus qu'elle m'avait confiés pour une vidéo, associés aux toiles de Anne Vignau.

Fran Nuda

 


 

Ce mois de juillet qui m'a vue naître, pourtant a fauché la vie de deux amies, dans des circonstances vraiment troublantes qui plus est. Une mort non annoncée, ni accidentelle pour autant, un souci de santé identique, cette toux et cette fatigue conjuguées, inhabituelles chez chacune, comme si, déjà, quelque part, quelque chose s'en allait, sans crier gare. Cet empêchement aussi d'être là, au plus près, par la distance, par ce renvoi immédiat qu'on ne fait pas partie de la famille, que l'amitié soudain ne vaut plus rien. Etrangère, me voici devenue étrangère à deux êtres chères. Double peine. Ainsi quand la mort te fauche l'amie, la famille devient le seul et unique garant du lien entre la défunte et les vivants, au sein du personnel de santé et de la société. Triple peine pour Lidia dont la famille est en Argentine. Comment ne pas penser au choc pour eux qui sont si loin, dans les circonstances de pandémie, un frère aux Etats-Unis dont Lidia était très proche, sa plus proche famille puisqu'elle n'a pas d'enfant.

Je ne peux m'empêcher de penser à tout ce fatras de démarches diverses à accomplir au plus vite, à tout ce qui était son chez soi, ses choses, ses petites choses de la vie, ses projets, comme celui de venir à Nantes, cette amie très très proche, de très longue date qu'elle devait recevoir tout bientôt et dont elle me parlait quand nous étions au téléphone, pour décider des dates de son séjour. Besoin de témoigner, de lui prêter vie encore un peu sur ce blog qu'elle aimait consulter, comme ma chaîne vidéo. Malhabile avec la technologie, elle me demandait souvent comment faire, etc. Depuis cet hiver, elle toussait beaucoup, bien que non fumeuse, elle était sous antibiotiques, elle ne voulait pas s'attarder outre mesure sur ce genre de choses, leur préférant la vie, les sorties, les rencontres, les amis.

Elle avait toujours envie de te recevoir, de t'accueillir chez elle, dignement, comme elle l'entendait, bien te nourrir - trop, bien sûr ! et difficile de résister à ses insistances, elle était sans chichis, simple, ouverte à tout ce qui fait le suc de la vie. A-t-elle vu la mort venir ? A-t-elle souffert ? Sans famille, elle est partie seule, tristement seule car, mourir auprès du service soignant, c'est partir seule, malgré tout. Et cette phrase prononcée à cette autre amie qui téléphonait à l'hôpital pour prendre de ses nouvelles : " Elle est à la morgue et on ne peut rien vous dire si vous n'êtes pas de la famille. " Voilà, mises au rebut, nous sommes, la famille de coeur. Aurait-elle aimé que je parle autant d'elle ? Sans doute pas  finalement, sans pour autant m'en vouloir, voire vraiment m'en empêcher. Mais je ne veux pas qu'on l'oublie, voilà, c'est tout.


Elle était fière de cette vidéo avec ses haïkus, cela lui faisait vraiment plaisir et pourtant, j'avais dû insister pour qu'elle me confie ses haïkus qu'elle ne trouvait pas assez bien, ne comprenant pas que je les trouve très bien. Quand certains se surévaluent, Lidia, elle, avait tendance à minimiser la qualité de ce qu'elle faisait car elle sculptait aussi et je la complimentais sur ses sculptures que je trouvais expressives, vivantes. Elle avait cet oeil intérieur qui donne une âme à l'inanimé. Je ne peux me faire à l'idée qu'elle n'est plus là. Est-ce alors ce qui me fait écrire ce témoignage, m'aider à réaliser d'une part, et laisser trace ici sur le blog, pour toujours sur le Net, elle qui n'y écrivait jamais rien, juste inscrite pour regarder et lire les publications des amis, jamais de coms ni de like, juste un regard.

Lidia forever, para siempre, ni la mort, ni l'hôpital ne peuvent t'extraire de mon coeur.

F.

 Voir aussi sur ce blog, à propos de mon amie Simone :  

Dernier hommage, à toi, amie sans fin...

Commentaires

  1. Quelle tristesse pour ton amie... Et quel choc pour toi ... qui en plus attendais sa venue !!!
    Elle ne méritait pas ça, mourir... et de plus mourir seule 😰.

    Tu fais bien de la mettre en lumière et de montrer à quel point tu l aimais et combien elle était généreuse, et artiste aussi.
    J imagine combien cette perte doit être cruelle et difficile pour toi ainsi que pour sa famille.

    RépondreSupprimer

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