Lectures chuchotées du CIALA, PLUME de Fran Nuda
Le
CIALA, collectif interculturel d’auteurs de Loire-Atlantique, vous
convie à une expérience littéraire inédite. Seize textes, choisis parmi
ceux des auteurs invités au festival et d’auteurs locaux membres du
CIALA, vous seront chuchotés, murmurés, lus dans l’obscurité par un
chœur d’une quinzaine de voix. Ils seront accompagnés ou ponctués par
deux violons et par les voix de « chanteuses lyriques tout terrain » qui
viendront parfaire cette ambiance surprenante. Vous découvrirez alors
prose et poésie dans une douce obscurité, comme un peu hors du monde et
pourtant au plus près de sa vérité. La
première séance abordera le thème de l’exil et de la mer. La seconde
dénoncera la guerre et évoquera les délices de l’enfance.
Mise en scène : Monique Piau-Quinton et Hélène Soumet
Violons : Gaëlle et Sébastien Christman
Chants lyriques : Les Polysonantes (Nathalie Fabre)
Violons : Gaëlle et Sébastien Christman
Chants lyriques : Les Polysonantes (Nathalie Fabre)
Le chœur de lecteurs du CIALA,
Collectif
interculturel d’auteurs de Loire-Atlantique,
a
le plaisir de vous présenter des extraits choisis dans des œuvres
d’auteurs
invités au festival Atlantide et d’auteurs de notre région.
1ère SEANCE -
Vendredi 1er mars 2019 à 17h
L’EXIL
·
Seuils
- Maelle LEVACHER - prologue de Navettes
·
La fureur
de Chtonos - Sandrine SCARDIGLI – extrait d’Anacalypse
·
Eleuthera
- Shumona SINHA - extrait d’Assommons les
pauvres
·
Sally
Diallo - Raphael REUCHE - extrait de Poèmes
·
Langue étrangère
- Louise DEJOUR-CHOBODICKA –inédit
LA MER
·
Au large
- Adrien BOSC - extrait de Constellation
·
Naufrage
- Carsten JENSEN - extrait de Nous, les
noyés
·
Mer pourpre de Gabriel REBOURCET - extrait de Le chanteur de Mantoue
·
Entrer
dans l’eau - Chantal THOMAS - extrait de Souvenirs de la marée basse
Violon : G. et S. Christman - Olah Nota et ruten Nota de Bartok et Sur
les vagues du lac Balaton
Chant Lyrique : Les
Polysonantes - Va pensiero (Nabucco) de Verdi
2ème SEANCE -
Vendredi 1er mars 2019 à 18h
LA GUERRE
·
L’allemande
- Beatrice NOURRY -extrait de L’allemande
·
Fuite
- In Koli Jean BOFANE - extrait de Congo
Inc
·
Trophée
- Thierry COVOLO - nouvelle inédite
·
Remords
- David DIOP - extrait de Frère d’âme
L’ENFANCE
·
Plume
- Fran NUDA - extrait de Plume
·
La plage –
Estelle-Sarah BULLE - extrait de Là
où les chiens aboient par la queue
·
Origine
- Joséphine BACON - extrait de Bâtons à
message
·
Le
Mouchoir - Monique LEROUX SERRES - extrait de Ode à mon mouchoir
Violon :
G. et S. Christman - La jeune fille
et la mort de Schubert, Bankodas
de Bartók, et Schalf mein Kind, berceuse Klezmer.
Chant
lyrique : les Polysonantes - Pluie
d’avril de Larry Morey
Le CIALA remercie vivement
-Valérie
Linder pour la réalisation de l’affiche,
- Gaëlle et Sébastien Christman, les
violonistes,
- Les Polysonantes, les chanteuses
lyriques « tout terrain »,
- le lycée Clemenceau pour la mise à
disposition d’une salle de théâtre,
- les lecteurs du chœur, bénévoles et
enthousiastes,
- les metteures en scène, Monique Piau-Quinton et Hélène Soumet
- l’équipe du LIEU UNIQUE.
-
CIALA - Collectif interculturel d’auteurs de Loire-Atlantique
contact.ciala@gmail.com
Extrait de PLUME, Fran Nuda, page 70, 71
Plantée, ils m’ont plantée, là, sur la Terre. J’y ai pris quelques racines, par ci par là. J’ai laissé
pousser ce que je ne pouvais maîtriser. Je me suis, peu à peu, habituée à cette apparence. À force
de me regarder, j’ai commencé à me reconnaître. Par endroits. Je suis donc ça. Comme je me sens
bizarre dans cette peau que je ne connais pas. Je sais pourtant que je suis vivante. Je le ressens au
plus profond de moi. Même, d’ailleurs, quand je ne le veux plus. J’ai mal, je ne sais pas pourquoi,
je voudrais que cela cesse mais je ne le peux pas. Ça fait donc, à ce point, mal, la vie ? Alors
pourquoi me l’ont-ils donnée ? Pourquoi m’avoir plantée là, moi qui n’avais rien demandé ?
Je n’avais rien demandé, je n’existais pas, je ne souffrais pas, je n’étais pas même une idée. Une
idée dans la tête de l’un ou de l’autre. Non, rien. Je suis apparue, mais je crois que j’étais mal
venue. Comme une inconvenance à la bienséance. Une femme en mal d’amour m’a conçue sans le
vouloir. Un homme en érection m’a prêté vie. C’est aussi bête que cela. Je ne dois à rien d’autre
ma venue au monde impromptue. Aucun désir si ce n’est peut-être le mien.
Ai-je donc, à ce point, voulu naître ? D’eux, en plus ? À y regarder de plus près, pourquoi pas
d’eux, d’ailleurs ? Que sais-je réellement d’eux ? Rien. Dans toute cette histoire, il n’y a que des
riens qui s’entremêlent. La vie nous joue des tours où la magie a bien peu de place. D’où, sans
doute, le besoin de l’inventer, chaque jour. Il faut bien trouver un sens à ce qui n’en a pas. Dieu
s’en est donné un pour qu’on ne l’oublie pas, malgré le temps qui passe.
À peine apparu le premier homme sur la terre, aussitôt, Dieu s’est imposé. C’est moi qui t’ai fait,
ne cessait-il de répéter au pauvre bougre qui ne voyait rien d’autre qu’une lueur dans l’obscurité
de cette absurdité qui l’avait fait exister, là, parmi toutes ces énormes bêtes sauvages qui, à chaque
instant, voulaient le dévorer. Mais qu’avait-il donc fait pour mériter tel châtiment ? Tout ça n’avait
vraiment pas de sens. Il se pencha sur la question, histoire de se distraire et de s’extraire de cet
imbroglio.
Je suis cette abstraction qui cherche une place. En perpétuel décalage, je ne sais où me situer sur
l’échelle du temps. Je cherche une identité. Je dois devenir du sens. Il m’appartient de me sortir de
cette ornière, et cette fois, je ne serai plus la dernière. Je suis cette enfant qui réfléchit tout le
temps. Je suis cette pauvre chose qui se cherche un destin, au-delà du chemin épineux de leur
histoire à eux. Je suis l’éventualité de plusieurs identités. À moi de trouver celle qui me sied. Scier.
Scier la branche cassée. Rebrousser chemin car, franchement, je n’y comprends rien. Mais
comment faire sans boussole ? Je me perds dans toutes ces images qu’il va me falloir trier. Aurai-
je le temps d’accomplir ce travail ardu ? Art. Peut-être derrière ce petit mot se cache une idée qui
pourrait m’apporter la réponse à la question que je me pose.
Plantée, ils m’ont plantée, là, sur la Terre. J’y ai pris quelques racines, par ci par là. J’ai laissé
pousser ce que je ne pouvais maîtriser. Je me suis, peu à peu, habituée à cette apparence. À force
de me regarder, j’ai commencé à me reconnaître. Par endroits. Je suis donc ça. Comme je me sens
bizarre dans cette peau que je ne connais pas. Je sais pourtant que je suis vivante. Je le ressens au
plus profond de moi. Même, d’ailleurs, quand je ne le veux plus. J’ai mal, je ne sais pas pourquoi,
je voudrais que cela cesse mais je ne le peux pas. Ça fait donc, à ce point, mal, la vie ? Alors
pourquoi me l’ont-ils donnée ? Pourquoi m’avoir plantée là, moi qui n’avais rien demandé ?
Je n’avais rien demandé, je n’existais pas, je ne souffrais pas, je n’étais pas même une idée. Une
idée dans la tête de l’un ou de l’autre. Non, rien. Je suis apparue, mais je crois que j’étais mal
venue. Comme une inconvenance à la bienséance. Une femme en mal d’amour m’a conçue sans le
vouloir. Un homme en érection m’a prêté vie. C’est aussi bête que cela. Je ne dois à rien d’autre
ma venue au monde impromptue. Aucun désir si ce n’est peut-être le mien.
Ai-je donc, à ce point, voulu naître ? D’eux, en plus ? À y regarder de plus près, pourquoi pas
d’eux, d’ailleurs ? Que sais-je réellement d’eux ? Rien. Dans toute cette histoire, il n’y a que des
riens qui s’entremêlent. La vie nous joue des tours où la magie a bien peu de place. D’où, sans
doute, le besoin de l’inventer, chaque jour. Il faut bien trouver un sens à ce qui n’en a pas. Dieu
s’en est donné un pour qu’on ne l’oublie pas, malgré le temps qui passe.
À peine apparu le premier homme sur la terre, aussitôt, Dieu s’est imposé. C’est moi qui t’ai fait,
ne cessait-il de répéter au pauvre bougre qui ne voyait rien d’autre qu’une lueur dans l’obscurité
de cette absurdité qui l’avait fait exister, là, parmi toutes ces énormes bêtes sauvages qui, à chaque
instant, voulaient le dévorer. Mais qu’avait-il donc fait pour mériter tel châtiment ? Tout ça n’avait
vraiment pas de sens. Il se pencha sur la question, histoire de se distraire et de s’extraire de cet
imbroglio.
Je suis cette abstraction qui cherche une place. En perpétuel décalage, je ne sais où me situer sur
l’échelle du temps. Je cherche une identité. Je dois devenir du sens. Il m’appartient de me sortir de
cette ornière, et cette fois, je ne serai plus la dernière. Je suis cette enfant qui réfléchit tout le
temps. Je suis cette pauvre chose qui se cherche un destin, au-delà du chemin épineux de leur
histoire à eux. Je suis l’éventualité de plusieurs identités. À moi de trouver celle qui me sied. Scier.
Scier la branche cassée. Rebrousser chemin car, franchement, je n’y comprends rien. Mais
comment faire sans boussole ? Je me perds dans toutes ces images qu’il va me falloir trier. Aurai-
je le temps d’accomplir ce travail ardu ? Art. Peut-être derrière ce petit mot se cache une idée qui
pourrait m’apporter la réponse à la question que je me pose.
Un merveilleux texte qui porte à réflexion.On se pose les questions:"Qui suis-je,où vais-je,que vais-je devenir ?"
RépondreSupprimerMerci Fran pour tes écrits et tous tes généreux partages sur ton blog.
Très touchant ce chemin de vie, parfois bien long et compliqué avant de lui trouver et lui donner un sens
RépondreSupprimerLa réponse à toute ces..., nos questions est peut-être bien effet l’Art... l’Art-peindre, lArt-sculpter, l’Art- écrire.... qu’importe! Essayons!!! 😊 bonnes lectures chuchotées Fran! 😘
RépondreSupprimerC’est bien d’écrire et très bien un peu ce que beaucoup de personnes ressentent . Ces questions qu’ado je me posais , qui, d’où , ou , quand et le fameux pourquoi .... avec le temps , on choisit un chemin, est ce le bon ?
RépondreSupprimerL Art aide , enjolive, motive , toi ton texte nous fait réfléchir , merci Fràn
😘😘😘
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