Cello, toute en mots
Elle propose sur son blog des écrits divers à lire en musique, musique qu'elle nous propose et inutile de vous dire que j'aime cette idée, le tout toujours de qualité. Elle clavarde beaucoup sur les réseaux, elle est aussi très suivie. Elle se livre au risque parfois de se faire mal mais elle avance, plus solide qu'elle ne le croit parfois. Elle a une façon d'être sincère, réelle et pourtant très virtuelle aussi finalement, comme quoi, ce n'est pas toujours incompatible. Cette envie soudain de lui rendre hommage en ce jour anniversaire, à ma façon, dans cette petite vidéo faite à l'arrache ce jour et qui lui plaira, j'espère. Car j'ai pris la liberté de la faire sans son autorisation et je sais que si elle n'aime pas, elle me le dira car elle est cash... J'ai choisi de vous offrir aussi à vous, lecteurs de ce blog, ce texte sur son blog à elle, texte que j'aime vraiment beaucoup, qui la contient totalement, je trouve et puisque c'est la journée des câlins, alors, tout va bien, non ?
Fran Nuda
Jour 14
Il faisait chaud et j’avais besoin de jouir. J’avais besoin de jouir vite et il faisait chaud. Je voulais ses longs doigts sur ma peau mais il n’y avait que l’étoffe de ma couette qui caressait le haut de mes reins. Je voulais de la sensualité, je me trouvais bonne à ses yeux. Il me l’avait fait comprendre entre deux messages. Je le trouvais juste à tomber de délicatesse et de douceur. Je chavirais à l’idée de sentir ses longs doigts me traverser et que je puisse ainsi jouir pour lui. Dans cet élan libidinal je me décidais à glisser sous la couette, m’assurant que la porte était fermée et m’adonnais à quelques caresses intimes pensant à ses assauts francs et vaillants contre mon sexe. J’avoue que cela fut très efficace pour atteindre l’extase, quand retentit un entêtant « maman !!!! j’ai faim ! j’ai faim, j’ai faiiiiiiim ! », très efficace aussi pour ramollir l’organe fantasmagorique ! Il faudrait dorénavant songer à nourrir la progéniture avant de partir en expédition entre mes cuisses, pensais-je. Un petit tour à la salle d’eau, un tablier plus loin et hop me voilà à préparer le déjeuner de l’enfant chéri dénué de bras pour se faire un sandwich sur le pouce. Il faisait trop chaud dehors nous avons donc pique niqué sur le tapis du salon ! C’est alors que je la vis, passant sous l’enfilade à toute allure. Elle se pensait discrète mais je l’avais repérée sur le champ. J’ai bondi dans la cuisine empoignant le balai et l’ai coincée derrière le piano en hurlant au petit « ouvre la porte de la terrasse ! ». Elle a continué sa route le long de la plinthe ne pouvant plus faire demi-tour et est sortie à toute blinde. à la bonne heure ! Nous venions de remporter notre première bataille, nous félicitant l’un l’autre, tout en sautillant, de cette si belle collaboration ! Nous formions une bonne équipe. C’était fabuleux et joyeux. J’ai sorti les verres à champagne, nous y avons versé du soda et avons trinqué à cette première victoire antispéciste.
On sonna à la porte.
C’était l’ado. Il revenait du Tibet, après cinq jours coincé à l’aéroport Charles le bien gaulé. Son passeport avait expiré quinze jours auparavant. Il n’a jamais pu embarquer pour Lhassa. Il a ramené une mini tour Eiffel à son plus jeune frère, un couteau suisse à son autre frère, une boule à neige à sa sœur et un torchon de cuisine où était inscrit « I Paris » pour moi. j’ai discrètement piqué la boule à neige et ai mis le torchon pour ma fille à son retour. Il nous a raconté comment ces cinq jours à errer dans l’aéroport avaient été un calvaire jusqu’à ce qu’il rencontre une jeune parisienne dont il tomba follement amoureux au premier baiser. « Et le covid ? » lui rétorquais-je. « Ah ça, c’était une excuse pour prendre l’air, j’avais besoin d’espace et d’aventures ! ». Je lui ai raconté tout ce qu’il avait manqué durant son absence, le voisin, la piscine, l’apéro, la souris, la voiture. Il m’écoutait avec des yeux écarquillés et envieux. La bouche bée a bavé. Il finit par me dire qu'il regrettait presque d’avoir fui nos vies du haut de ses quinze ans. Il précisa « presque » parce qu’il se sentait vraiment amoureux. D’ailleurs il avait hâte de nous présenter sa dulcinée me demandant si celle-ci pouvait venir la semaine prochaine. Je lui répondis qu’elle serait la bienvenue, si ses parents y consentaient, évidemment. Il y avait suffisamment de chambres dans notre château pour lui proposer un coin bien à elle, riais-je. C’est là qu’il me lança « Maman, je ne t’ai pas encore tout dit. Fabiola a vingt ans. »
Je suis partie à la gare chercher ma fille qui revenait de sa colo. A peine assise je l’ai sommée d’un « Salomé, si tu as quelque chose à m’avouer c’est le moment ! Tu as un copain ? Tu as volé au supermarché ? Tu as eu ton master de droit en copiant sur le voisin de tablée ? Tu es enceinte ? Ton frère de quinze ans vient de m’annoncer que sa copine avait vingt ans, donc c’est le moment. Vas-y, parle, avoue, je t’écoute, ne crains rien ! »
Elle a pouffé de rire et moi aussi. Nous sommes rentrées dans un silence entrecoupé de « Non mais vingt ans ! tu te rends compte ! » où nous riions de plus belle.
20 août 2020
vf©️
Belle poète et de grands yeux pour nous emmener avec elle .
RépondreSupprimerDes bras oh oui des bras quand on les veut, quand on s’y perd .
Merci Fràn et merci à Cello.
Agréable découverte .
😘😘
Merci Fran et Cello.
RépondreSupprimerBon anniversaire Cello.
Waouh, quelle découverte !!! Ces mots justes dans un texte qui coule si bien. Quel régal, quelle gourmandise aussi. Il se mange sans faim. Non il se dévore sans fin serait plus correct. Merci Fran. Merci à ton amie.
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