Quand nos souvenirs viendront danser, V. Grimaldi et Pietragalla

La danse depuis l'enfance est mon expression première. Elle m'a sauvée de tant de dangers, de peines, de trahisons et toutes autres malfaçons que la vie nous envoie. Elle a été ma confidente la plus fidèle, la plus juste, mon amie au pouvoir incommensurable, ma passion, mon équilibre, mon partage sans faille aves les forces de la vie. Et elle est toujours là, à portée de coeur, de corps, encore et ça, c'est un de ses plus beaux cadeaux car la vie est mouvement et le corps notre écrin dont nous avons le devoir de prendre soin, et la danse y excelle lorsqu'on accepte la nécessité de l'apprivoiser et de lui être fidèle, car oui, elle a ses exigences. Et c'est pourquoi ce passage dans le roman de Virginie Grimaldi a retenu mon attention,  mais ce n'est qu'un clin d'oeil sur la lumière de ce livre où j'ai ri, souri, réfléchi, pleuré, tant la vie y jaillit et danse... et qui dit danse dit l'incontournable Pietragalla dont il ne faut pas rater son dernier solo " La femme qui danse " que j'ai eu la chance de voir déjà : une très grande dame !


Fran Nuda

 

En attendant d'aller voir son solo je vous offre ce duo avec  celui qui est aussi son mari dans la vie et un superbe danseur tout aussi solaire , Julien Derouault. Un duo en écho à celui de ce roman même si on ne parle pas bien sûr de la même danse... quoique...



Quand nos souvenirs viendront danser, Virginie Grimaldi, extrait :
 
" Nous n'avons pas dansé depuis un an. Mon arthrose me fait souffrir et Anatole n'a pas totalement récupéré depuis son opération de la hanche. Lorsque nous avons reçu l'invitation du Gala solidaire, nous avons d'abord décidé de décliner. Mais la cause est belle et l'envie forte de danser une dernière fois ensemble. De plus, la soirée tombait le soir de nos cinquante ans de mariage. Comment ne pas y voir un signe ? [...]
 
La scène est éclairée, le reste de la salle plongé dans le noir. On pourrait se croire seuls. Anatole se glisse contre moi, les notes se mettent à danser, nous aussi. Dans ces quelques pas, c'est notre existence qui se dessine. On danse notre amour, on danse notre peur, on danse nos joies, on danse nos douleurs, on danse notre vie, on danse notre mort, on danse comme un cri, une danse comme un adieu. Une danse comme un merci. [...]
 
Il fait nuit et il pleut, Anatole est concentré sur la route. Dans mon esprit, je rejoue nos danses. La toute première, maladroite, quand Anatole m'a fait une surprise. Nos entraînements, à la salle, dans le séjour, dans le jardin. Notre premier championnat. Notre médaille d'or. Notre dernier tango. 
Tous ces moments, encore plus précieux une fois transformés en souvenirs.
Finalement, la vie est comme une danse. On entre en scène, on apprend le pas, on se laisse porter, on compte les temps, et on tire sa révérence.
J'ai eu le meilleur partenaire. Lorsque nous avons entamé notre longue danse, il était raide, voire rigide, j'étais gauche, timorée, nous tentions d'accorder nos pas sur une mélodie que nous ne connaissions pas, il lui est arrivé de m'écraser les pieds, j'ai pu lui donner le tournis, il y a eu des faux pas, mais nous avons maintenu le cadre, nous sommes restés unis, on s'est observés, on s'est assouplis, jusqu'à ne plus faire qu'un, jusqu'à se fondre en l'autre, jusqu'à s'emmêler, un duo parfois bancal, qui laisse passer le vent, qui laisse entrer la pluie, mais qui résiste à toutes les intempéries. "

Commentaires

  1. Toujours un bonheur pour les yeux et le cœur, qui accompagne parfaitement ce magnifique texte. Merci pour ce beau partage

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  2. J adore la formule « la vie est comme une danse »! J adore la danse sans l avoir jamais trop pratiquée ( sauf le rock😜). J adore ce couple d artiste, ces bras, ces mains, ces longues jambes qui parlent!!!! Et je vais acheter ce livre , j adore cet extrait !
    Merci Fran pour ce partage . ❤️😘

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  3. Quelle poésie ! Cette danse sur la musique de Barber, en totale communion. Merci Fran. Je me suis régalé. Je l'ai visionné encore et encore... Magnifique

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  4. Plaisir des yeux, des oreilles, du coeur... merci pour ce magnifique partage Fran !

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    1. et comme je suis notée "unknown", je signe : Marie-Hélène Blondel :)

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