Mon amie la rose, Soiz, Ronsard et Verlaine
Au nom de Colette et du jardin fleuri de son village natal de Saint-sauveur en Puisaye, j'ai reçu ce matin ce bouton de rose, légèrement ouvert, comme je les aime... tel un désir en attente, une promesse, la vie en devenir... ceci de mon amie Soiz qui vit aussi par là-bas, une partie de l'année, et dont vous connaissez déjà les photos ; si ce n'est pas le cas, rendez-vous vite aux deux articles qui la concerne... et comment avec cette rose rose ne pas penser au poème de Ronsard que je vous livre ici en vieux français... et à celui de Verlaine... Bonne lecture !
Fran Nuda
Paul VERLAINE
1844 - 1896
A Madame X...
En lui envoyant une penséeAu temps où vous m'aimiez (bien sûr ?),
Vous m'envoyâtes, fraîche éclose,
Une chère petite rose,
Frais emblème, message pur.
Elle disait en son langage
Les " serments du premier amour, "
Votre cœur à moi pour toujours
Et toutes les choses d'usage.
Trois ans sont passés. Nous voilà !
Mais moi j'ai gardé la mémoire
De votre rose, et c'est ma gloire
De penser encore à cela.
Hélas ! Si j'ai la souvenance,
Je n'ai plus la fleur, ni le cœur !
Elle est aux quatre vents, la fleur.
Le cœur ? Mais, voici que j'y pense,
Fut-il mien jamais ? Entre nous ?
Moi, le mien bat toujours de même,
Il est toujours simple. Un emblème
A mon tour. Dites, voulez-vous
Que, tout pesé, je vous envoie,
Triste sélam, mais c'est ainsi,
Cette pauvre négresse-ci ?
Elle n'est pas couleur de joie,
Mais elle est couleur de mon cœur ;
Je l'ai cueillie à quelque fente
Du pavé captif que j'arpente
En ce lieu de juste douleur.
A-t-elle besoin d'autres preuves ?
Acceptez-la pour le plaisir.
J'ai tant fait que de la cueillir,
Et c'est presque une fleur-des-veuves.
Pierre de RONSARD
1524 - 1585
Mignonne, allons voir si la rose
A CassandreMignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
oh Chère Fran, là, je suis comblée ! ...La "chère petite rose" du jardin d'En Face de Colette, les Mots de Verlaine et de Ronsard ! Merci infiniment ! La soirée ne peut être que Belle ! (((*_*))) Soiz
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