Mayuzumi Madoka, Haïkus du temps présent
J'ai choisi, dans ce livre de Mayuzumi Madoka, cet extrait qui évoque l'étrange pouvoir curateur de l'art et notamment du haïku. Et si tout est voué à disparaître, tout est aussi voué à renaître... tel est souvent le message d'espoir que la nature nous offre comme ici, le cerisier en fleurs malgré l'accident nucléaire de 2011 au Japon.
Fran Nuda
Devant les cerisiers en fleur
on ne peut douter
des lendemains
Le haïku exprime une expérience vécue. Aussi m'était-il impossible d'en composer à propos du séisme du 11 mars 2011, n'ayant pas été touchée par la catastrophe. En revanche, j'ai ouvert mon site internet à tous les habitants des zones sinistrées qui souhaitaient partager leurs poèmes.
Mi- avril, je me suis rendue dans le Tohoku pour offrir des recueils de poésie aux gens de la région et leur présenter mes condoléances. C'est durant ce voyage que j'ai composé ce haïku. On peut penser que, dans des circonstances aussi terribles, la poésie n'est pas de grande utilité. Je crois pourtant à la force des mots, capable de tout surpasser. Les haïkus s'adressent directement au cœur, et leur rôle consolateur est attesté depuis l'époque de Bashô : un de ses disciples, Kikaku, n'affirme-t-il pas, dans la préface de Manteau de pluie du singe, que le haïkaï est destiné à conforter les coeurs ? La poésie peut redonner l'envie de vivre quand on a tout perdu, j'en suis persuadée.
En savoir plus sur la femme poète et sur le haïku classique :
Mayyuzumi Madoka se situe dans la lignée traditionaliste du poète Kyoshi, disciple de Shiki qui s'attache à décrire les phénomènes saisonniers en lien avec les activités humaines. A ce titre, elle respecte les trois contraintes formelles fixées par Bashô au XVIIe siècle : métrique, mot de saison et mot de césure. Chaque haïku est donc constitué de dix-sept syllabes, découpées en trois segments de 5,7,5 - soit trois ligne en traduction française, selon une convention destinée à rendre compte de sa struture ternaire -. Cette règle toutefois n'est pas absolue, Bashô, lui-même y ayant dérogé en son temps, et l'on note parfois un décalage d'une syllabe.le mot de saison ou Kigo, est indispensable : il marque le moment particulier de la saison, son " parfum" émotionnel. '' Les " kigo", d la poétesse, ne sont pas uniquement dans un rapport descriptif avec la réalité, mais dans un véritable rapport poétique : le mot de saison exprime tous les éléments de la culture japonaise, aussi bien dans les éléments esthétiques que des émotions, une atmosphère, une philosophie de la vie. "
Le mot de césure ou kireji n'est pas nécessairement explicite : une simple pause à l'intérieur du haïku peut induire cet intervalle, ce "blanc"qui, selon la conception japonaise, sollicite imagination et sensibilité bien mieux que le discours exhaustif.
Codification extrême et économie de moyens, paradoxalement, sont source de liberté : elles permettent au lecteur de superposer sa sensibilité propre à celle de l'auteur et de faire résonner les échos dans la marge. Car un haïku ne saurait être considéré comme achevé sans la participation de l'auditoire.
En savoir plus sur la femme poète et sur le haïku classique :
Mayyuzumi Madoka se situe dans la lignée traditionaliste du poète Kyoshi, disciple de Shiki qui s'attache à décrire les phénomènes saisonniers en lien avec les activités humaines. A ce titre, elle respecte les trois contraintes formelles fixées par Bashô au XVIIe siècle : métrique, mot de saison et mot de césure. Chaque haïku est donc constitué de dix-sept syllabes, découpées en trois segments de 5,7,5 - soit trois ligne en traduction française, selon une convention destinée à rendre compte de sa struture ternaire -. Cette règle toutefois n'est pas absolue, Bashô, lui-même y ayant dérogé en son temps, et l'on note parfois un décalage d'une syllabe.le mot de saison ou Kigo, est indispensable : il marque le moment particulier de la saison, son " parfum" émotionnel. '' Les " kigo", d la poétesse, ne sont pas uniquement dans un rapport descriptif avec la réalité, mais dans un véritable rapport poétique : le mot de saison exprime tous les éléments de la culture japonaise, aussi bien dans les éléments esthétiques que des émotions, une atmosphère, une philosophie de la vie. "
Le mot de césure ou kireji n'est pas nécessairement explicite : une simple pause à l'intérieur du haïku peut induire cet intervalle, ce "blanc"qui, selon la conception japonaise, sollicite imagination et sensibilité bien mieux que le discours exhaustif.
Codification extrême et économie de moyens, paradoxalement, sont source de liberté : elles permettent au lecteur de superposer sa sensibilité propre à celle de l'auteur et de faire résonner les échos dans la marge. Car un haïku ne saurait être considéré comme achevé sans la participation de l'auditoire.
J'aime beaucoup celui-là ! ...Il me parle bien ! (((*_*)))
RépondreSupprimer