Venise, Alfred de Musset et Sylvie Flamand

Représenter de la sorte sur une toile cette Venise mystérieuse mais aussi éternelle loin des zones touristiques, et la peindre de nuit donne un rendu où les masques vénitiens semblent nous entourer. Le contraste clair/obscur rend aussi compte de ce qu'est aussi Venise : sa splendeur et sa pollution... le danger qui la guette... Bref, il y a vraiment beaucoup de choses dans cette toile au-delà de la technique purement artistique présente aussi. Et l'ambiance qui y règne donne à voir ce que les mots d'Alfred de Musset laisse à entendre, comme un écho infini d'une peine inconsolable... Mais qui pleure ? Venise, peut-être, avant tout...Venise qui s'enfonce dans les eaux...

Fran Nuda

      Site de l'artiste ici                      

                                 

  Fin de journée pour les gondoles
 Acrylique 40/50, en vente sur son site




Dans Venise la rouge
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un fallot.

— Ah ! maintenant plus d'une
Attend au clair de lune
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.

Pour le bal qu'on prépare
Plus d'une qui se pare
Met devant son miroir
Le masque noir.

Laissons la vieille horloge
Au palais du vieux doge
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.

Comptons plutôt, ma belle,
Sur ta bouche rebelle
Tant de baisers donnés
Et pardonnés.

Comptons plutôt tes charmes,
Comptons les douces larmes
Qu'à tes yeux a coûté
La volupté.

...Toits superbes! Froids monuments !
Linceul d'or sur des ossements !
Ci-gît Venise.
Là mon pauvre cœur est resté.
S'il doit m'en être rapporté,
Dieu le conduise !

Mon pauvre cœur, l'as-tu trouvé
Sur le chemin, sous un pavé,
Au fond d'un verre ?
Ou dans ce grand palais Nani,
Dont tant de soleils ont jauni
La noble pierre ?

L'as-tu vu sur les fleurs des prés,
Ou sur les raisins empourprés
D'une tonnelle ?
Ou dans quelque frêle bateau,
Glissant à l'ombre et fendant l'eau
A tire-d'aile ?

L'as-tu trouvé tout en lambeaux
Sur la rive où sont les tombeaux ?
Il y doit être.
Je ne sais qui l'y cherchera,
Mais je crois bien qu'on ne pourra
L'y reconnaître.

Il était gai, jeune et hardi ;
Il se jetait en étourdi
A l'aventure.
Librement il respirait l'air,
Et parfois il se montrait fier
D'une blessure.

Il fut crédule, étant loyal,
Se défendant de croire au mal
Comme d'un crime.
Puis tout à coup il s'est fondu
Ainsi qu'un glacier suspendu
Sur un abîme...

Alfred de Musset - Poésies A mon frère revenant d'Italie, mars 1844



Commentaires

  1. Magnifique ton texte Fran ainsi que le poème de Musset et le tableau de Sylvie .je connais l'histoire de Musset et Sandrine pour avoir lu une biographie de Musset ...
    Tu as le don pour nous emmener dans une superbe balade à chaque fois merci pour ce beau travail Fran .Chapeau bas !!!

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  2. Oui la belle , la jolie dame se meure ...
    Mais Venise restera toujours dans nos cœurs, ses ponts, ses petites places, ses petits restaurants bien sympathiques, ses palais, ses richesses artistiques , comment ne pas tomber sous son charme ?
    Merci beaucoup mon ami Fran.

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  3. je suis tout a fait d accord avec vos commentaires et appréciations cette toile de notre artiste et amie revéle trés bien de beaux instants souvenirs d un passage mème bref sur cette Venise ou combien elle a connu des amours fulgurants ou malheureux sous le pont des soupirs!!!!
    cette jolie toile aux teintes de rouge intelligemment données aux gondôles donnent cette petite note sensuelle!!! j adore
    merci Fran d avoir réunit ce si beau poême d Alfred de Musset à cette toile avec autant de talent qui rajoute ce moment d'émotion !!!



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  4. Persuadée d'avoir commenté mais non c'était sur fb ! Je garde toujours cette sensation de mystère en contemplant la magnifique toile de Sylvie ! Ombres et lumière , le côté sombre m'emporte vers des rêves insensés, quoique ......! Mais c'est tellement délicieux !!!

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